La réforme de la formation professionnelle de 2018 a marqué un tournant décisif dans le paysage de l’emploi et du développement des compétences en France. Cette refonte majeure, orchestrée par le gouvernement, a profondément modifié les règles du jeu, offrant de nouvelles opportunités aux salariés et aux entreprises. Découvrez les impacts concrets de cette réforme et comment elle redéfinit l’avenir de la formation professionnelle dans l’Hexagone.
Les fondements de la réforme : une nouvelle vision de la formation
La loi du 5 septembre 2018 « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » a introduit des changements structurels majeurs dans le système de formation professionnelle français. L’objectif principal était de rendre la formation plus accessible, plus flexible et mieux adaptée aux besoins du marché du travail.
Cette réforme s’articule autour de plusieurs axes clés :
1. La refonte du Compte Personnel de Formation (CPF), désormais crédité en euros et non plus en heures, facilitant ainsi son utilisation.
2. La création de France Compétences, une instance nationale de régulation et de financement de la formation professionnelle et de l’apprentissage.
3. La simplification du système de collecte des contributions formation, avec la création d’un guichet unique : les URSSAF.
4. Le renforcement de l’apprentissage, avec une libéralisation de l’ouverture des Centres de Formation d’Apprentis (CFA).
Ces changements visent à responsabiliser davantage les individus dans la gestion de leur parcours professionnel, tout en incitant les entreprises à investir dans la formation de leurs salariés.
Le CPF : un outil révolutionnaire au cœur de la réforme
La transformation du Compte Personnel de Formation est sans doute l’élément le plus visible et le plus impactant de la réforme pour les salariés. Désormais alimenté en euros (500€ par an pour un salarié à temps plein, plafonné à 5000€), le CPF offre une plus grande lisibilité et flexibilité dans son utilisation.
Les avantages de cette nouvelle version du CPF sont nombreux :
– Une meilleure compréhension des droits acquis
– La possibilité de financer directement sa formation sans intermédiaire
– L’accès à un catalogue élargi de formations via une application mobile dédiée
Selon les chiffres de la Caisse des Dépôts et Consignations, gestionnaire du CPF, plus de 2 millions de formations ont été validées depuis le lancement de la nouvelle version en novembre 2019, témoignant de l’engouement des salariés pour ce dispositif rénové.
France Compétences : un nouveau pilote pour la formation professionnelle
La création de France Compétences représente une évolution majeure dans la gouvernance de la formation professionnelle. Cette institution nationale publique, placée sous la tutelle du ministère du Travail, est chargée de réguler et de financer la formation professionnelle et l’apprentissage.
Ses missions principales incluent :
– La répartition des fonds mutualisés entre les différents acteurs
– La régulation de la qualité des formations
– L’établissement du Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP)
– La médiation pour les litiges liés au CPF
France Compétences joue un rôle crucial dans l’harmonisation et la rationalisation du système de formation professionnelle, garantissant une meilleure adéquation entre l’offre de formation et les besoins du marché du travail.
La simplification du financement : un nouveau rôle pour les URSSAF
La réforme a considérablement simplifié le système de collecte des contributions formation des entreprises. Depuis le 1er janvier 2022, les URSSAF sont devenues le collecteur unique de ces contributions, remplaçant les anciens Organismes Paritaires Collecteurs Agréés (OPCA).
Cette centralisation présente plusieurs avantages :
– Une simplification administrative pour les entreprises
– Une meilleure visibilité sur les fonds collectés
– Une réduction des coûts de gestion
Le taux de contribution reste fixé à 1% de la masse salariale pour les entreprises de plus de 11 salariés, et à 0,55% pour celles de moins de 11 salariés. Cette mutualisation des fonds permet une redistribution plus équitable et efficace des ressources dédiées à la formation professionnelle.
L’apprentissage libéralisé : un nouvel élan pour la formation en alternance
La réforme de 2018 a également donné un coup d’accélérateur à l’apprentissage, en libéralisant les conditions d’ouverture des Centres de Formation d’Apprentis (CFA). Cette mesure vise à développer l’offre de formation en alternance et à mieux l’adapter aux besoins des entreprises et des territoires.
Les principaux changements incluent :
– La possibilité pour toute entreprise ou organisme de formation de créer son propre CFA
– Un financement au contrat, favorisant la concurrence et l’innovation pédagogique
– L’élargissement de l’âge limite pour entrer en apprentissage à 29 ans révolus
Ces mesures ont porté leurs fruits : selon le ministère du Travail, le nombre de contrats d’apprentissage a augmenté de 40% entre 2018 et 2020, atteignant un record historique de 525 000 contrats signés en 2020 malgré la crise sanitaire.
Les impacts sur les entreprises : de nouvelles responsabilités
La réforme de 2018 a également modifié les obligations des entreprises en matière de formation professionnelle. Si le principe de l’obligation de former est maintenu, les modalités ont évolué :
– L’entretien professionnel devient un élément central du dispositif, avec une obligation de bilan tous les 6 ans
– Les entreprises de plus de 50 salariés doivent s’assurer que chaque salarié a bénéficié d’une formation non obligatoire sur une période de 6 ans
– La mise en place d’un plan de développement des compétences remplace l’ancien plan de formation
Ces nouvelles dispositions incitent les entreprises à adopter une vision plus stratégique de la formation, en l’intégrant pleinement dans leur politique de gestion des ressources humaines et de développement des compétences.
Les défis et perspectives d’avenir
Malgré les avancées significatives apportées par la réforme de 2018, plusieurs défis restent à relever pour optimiser le système de formation professionnelle :
– L’adaptation continue de l’offre de formation aux évolutions rapides du marché du travail
– La sensibilisation et l’accompagnement des salariés dans l’utilisation de leurs droits à la formation
– La régulation du marché de la formation pour garantir la qualité des prestations proposées
– L’équilibre financier du système, notamment face à la forte demande générée par le CPF
La formation professionnelle demeure un enjeu crucial pour l’employabilité des salariés et la compétitivité des entreprises françaises. Les années à venir seront déterminantes pour évaluer pleinement l’impact de cette réforme et apporter les ajustements nécessaires.
La réforme de 2018 a indéniablement marqué un tournant dans l’approche de la formation professionnelle en France. En plaçant l’individu au cœur du dispositif, en simplifiant les processus et en responsabilisant tous les acteurs, elle a posé les bases d’un système plus dynamique et adapté aux défis du monde du travail moderne. Si des ajustements seront sans doute nécessaires, cette réforme constitue un pas important vers une culture de la formation tout au long de la vie, essentielle pour naviguer dans un environnement professionnel en constante évolution.